Loïc Passemard, VP B2B de Privateaser
Pouvez-vous nous présenter Bizmeeting ?
J’ai créé Bizmeeting il y a 5 ans et nous venons d’être rachetés par Privateaser.
Nous sommes une solution de réservation d’événements à destination des entreprises qui s’est créée à partir de deux constats : le premier, au niveau de l’utilisateur, le second, au niveau de l’entreprise. Réserver un événement aujourd’hui n’est pas forcément très complexe mais c’est chronophage. Pour nous, la technologie peut apporter beaucoup et permettre à l’utilisateur de se focaliser sur des tâches plus expertes en facilitant son expérience. Au niveau de l’entreprise, le marché du voyage d’affaires représente 30 milliards d’euros aujourd’hui en France et un tiers concerne le MICE. On s’aperçoit pourtant qu’un directeur des achats dans le travel connaît ses segments de dépenses sur l’aérien, sur le rail, sur la restauration et sur l’hébergement. Ce dernier segment a été consolidé plus récemment avec l’apparition de plateformes, mais sur le MICE, ce n’est pas consolidé et le directeur des achats n’a qu’une vue parcellaire de ses dépenses. Il ne connaît que les gros événements mais l’ensemble des petits séminaires n’est pas du tout tracker. L’idée est donc de mettre à disposition une solution et une plateforme qui permettent de calculer ce poste de dépenses. Avec cette volonté d’offrir à l’entreprise cette consolidation et à l’utilisateur la possibilité de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée.
Pourquoi ce rapprochement avec Privateaser ?
Nous nous rapprochons de Privateaser car nous avons des ADN très proches. Nous avons quasiment le même âge, ils ont un univers très BtoC, très web alors que nous sommes très BtoB et allons signer des contrats cadres en direct avec la direction des achats. En discutant avec eux, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une vraie opportunité de mutualisation avec, en plus, des ambitions très fortes et des fonds d’investissement très importants.
Comment vous situez-vous par rapport à la concurrence ?
Le marché de l’événementiel aujourd’hui existe depuis plusieurs décennies. Il y a une multitude d’acteurs traditionnels. Depuis peu, de nouveaux acteurs se positionnent, ce sont des plateformes, à destination des entreprises, qui ont pour objectif de proposer une maîtrise de ce segment de dépense. Nous apportons de la technologie en plus.
Depuis la création de Bizmeeting, quelles évolutions avez-vous pu constater en termes de process d’organisation MICE au sein des entreprises ?
Il faut distinguer les différents secteurs d’entreprises. Historiquement, le secteur des laboratoires pharmaceutiques est très en avance par rapport aux autres secteurs. Ils ont une politique MICE qui est très souvent gérée au niveau mondial avec de grosses agences comme prestataires. Quand on regarde les autres secteurs, on constate que le marché est en pleine évolution pour mettre ce poste sous contrôle. On voit des appels d’offres de société qui recherchent des plateformes pour gérer ce genre de dépenses alors que cela n’était pas le cas il y a trois ou quatre ans : il y a une vraie évolution. L’entreprise a mis sous contrôle l’ensemble des segments liés au voyage d’affaires mais pas encore le MICE. Elles commencent à vouloir avancer sur cette partie.
Combien la dépense meetings dans un budget travel et mice représente-t-elle aujourd’hui pour une entreprise ?
En France, les études montrent que la dépense MICE se situe entre 8 et 10 milliards d’euros. Cela représente donc un tiers du budget voyage d’affaires. Dans le MICE, il y a beaucoup d’éléments : gestion de salles, restauration, transport… En termes de chiffre d’affaires, cela dépend du secteur d’activité et de la taille de l’entreprise, la dépense MICE représente en moyenne entre 0,5 et 3 % du chiffre d’affaires.
Côté client, il y a donc une consolidation, est-ce que cela a changé les pratiques des entreprises au niveau des achats ? Y a-t-il un vrai rapprochement entre le MICE et le voyage d’affaires ?
J’ai discuté il y a quelques jours avec l’AFTM et ils reconnaissent une vraie évolution. Ils se sont rendus compte qu’il y a 3 ans, seulement 20% de leurs adhérents étaient en charge du MICE de leur entreprise, aujourd’hui, ils sont 40%. En tant qu’intermédiaire, nous voyons que des travel managers nous appellent aujourd’hui pour nous dire qu’ils sont maintenant en charge du MICE. C’est nouveau pour eux et ils veulent s’informer. On constate que les acheteurs ne sont pas forcément bien formés et n’ont pas toujours tous les outils et les connaissances nécessaires pour gérer le MICE.
Quels sont les enjeux du MICE pour cette cible corporate ?
La première chose est que cette cible commence à s’intéresser à ce segment-là, donc le premier enjeu concerne la visibilité sur leurs dépenses. Un acheteur ou un travel manager ne la maîtrise pas. Le premier enjeu est d’avoir de la visibilité sur ce poste de dépense. Généralement, un acheteur pense dépenser une certaine somme et quand on fait le point un an après, il est très surpris par le montant réel des dépenses. Il y a donc une vraie prise de conscience à avoir concernant les montants de dépense en events. Dans les grands groupes, tous les départements organisent plusieurs séminaires dans l’année, ce sont de petits événements mais en termes de volumes, cela devient vite très important.
Quelles sont les innovations et les tendances à venir ?
Sur toute la chaîne du meeting, il y a l’avant, le pendant, l’après. Sur l’ensemble de cette chaîne, des acteurs technologiques se sont positionnés. Il y a eu une grosse tendance ces dernières années sur la gestion technologique de l’événement, sur l’animation en temps réel, etc. Il manque encore aujourd’hui un acteur qui se positionne sur l’ensemble de cette chaîne-là et qui la consolide. C’est pour cela qu’aujourd’hui, un client est un peu déboussolé car il doit avoir différents types de prestataires, en fonction du moment de la chaîne mais aussi de la typologie de l’événement. Le marché est encore très segmenté mais cet acteur arrive ! Nous sommes au début de l’évolution du marché du MICE, le mouvement est lancé, tout est à faire.