Enjeux du MICE pour les acteurs et les territoires : Pierre-Louis Roucaries, OT Mandelieu-la-Napoule

Pierre Louise Roucaries, Directeur Général de l’Office de Tourisme et des Congrès (OTC) de Mandelieu la Napoule, Président de Provence Côte d’Azur Events, Président Délégué de l’UNIMEV

Est-ce que vous pouvez revenir sur votre parcours ?

J’ai fait l’INSEEC Bordeaux, c’est une école de commerce. Patrick Baudry était le parrain de notre promotion. Il venait de rentrer des États-Unis, il nous a dit qu’il allait créer un space camp et qu’on pourrait travailler dessus. C’était pour moi un sujet extraordinaire et après mon service militaire, j’ai rejoint le space camp Patrick Baudry qui s’était installé sur les rives de la Méditerranée entre Cannes et Mandelieu. J’ai vécu une formidable expérience humaine pendant trois ans ! Je suis ensuite devenu chef de projet au petit palais des congrès de Mandelieu. J’avais en charge l’événementiel de la ville, j’ai développé des salons qui existent toujours aujourd’hui. Après cela, j’ai pris la direction de l’office du tourisme et j’ai proposé un projet de centre de congrès que nous avons construit. Depuis 2009, je dirige les deux. Avec des confrères, nous avons créé Provence Côte d’Azur Events (PCE) dont j’ai pris la présidence en 2011. Il y a maintenant UNIMEV dont j’occupe la sous-présidence. 

Compte tenu de toutes vos expériences, comment définiriez-vous la filière MICE-Evénementiel ?

Elle représente la dualité parfaite de la digitalisation de notre société. La digitalisation a simplifié beaucoup de choses mais, par les applications que nous en avons, elle a aussi développé un système assez impersonnel, notamment avec l’automatisation des process et donc des relations. L’événement sous toutes ses formes est alors la réponse parfaite car il s’agit de rencontres humaines. Je suis persuadé que plus le monde sera digitalisé, plus l’évènementiel sous toutes ses formes se développera. 

Pouvez-vous nous expliquer ce que sont l’UNIMEV et le PCE, Provence Côte d’Azur Events ?

PCE est un pôle de compétences. À ma connaissance, il n’y en a pas d’autres de ce type en Europe. Ce pôle de compétences va d’Avignon à Monaco et a un peu plus de 200 adhérents aujourd’hui. Nous allons y retrouver des palais des congrès, des bureaux des congrès, des hôtels, des lieux événementiels, des prestataires de services et des agences. Il couvre donc l’intégralité des acteurs de la filière. Nous avons commencé en évoquant le développement commercial de tous ces acteurs et nous organisons aujourd’hui entre 20 et 30 opérations par an. Nous sommes en réflexion permanente et avons aussi un incubateur. 

UNIMEV est une fédération. Elle existe pour faire le pivot entre les services de l’État et l’écosystème de l’événementiel. Ses 450 adhérents représentent 80% du secteur. Nous y retrouvons les salons professionnels, les salons grand public, les palais des congrès, les parcs expo, les agences événementielles, les prestataires de services et les organisateurs de congrès. Il y a neuf groupes différents au sein d’UNIMEV. L’objectif est de gérer la convention collective pour l’ensemble de la fédération. Notre ambition avec Olivier Roux, l’actuel président, est de mettre en avant trois sujets majeurs. La RSE, les partenariats avec différents acteurs publics et privés et le développement de notre communication auprès des élus afin qu’ils soient parfaitement informés des bienfaits de notre secteur d’activité. L’événementiel est un élément social et économique très important pour les territoires, il faut que cela se sache. 

Aujourd’hui que représente la filière MICE ?

Le secteur est en très bonne santé et en croissance régulière. Depuis maintenant au moins trois ou quatre ans, les chiffres sont à la hausse et, je pense que cela va durer. Contrairement à d’autres types de média, je ne pense pas que l’évènementiel disparaisse. Il a absorbé les outils de digitalisation pour transformer les événements, les rendre beaucoup plus interactifs. Ce que demandent les participants, à titre personnel ou professionnel, c’est de participer à l’événement, pas d’en être simplement spectateurs. Nous parlons d’expérience client, cela vaut pour un voyage mais aussi pour une rencontre professionnelle. Nous avons envie de participer, de proposer des idées, de donner son avis, d’être acteur de la filière. Je le vois aussi dans le cadre d’UNIMEV ou de Provence Côte d’Azur Events. 

Concernant UNIMEV, quelles relations entretient la fédération avec les acteurs publics et privés ?

La filière sur l’événementiel a été créée en 2015, elle a pour vocation de faciliter le développement économique touristique dans l’événementiel. L’événementiel est un accélérateur, nous le voyons bien avec les jeux olympiques, un événement majeur de ce type transforme des territoires et permet d’accélérer la construction d’infrastructures qui profitent ensuite à l’ensemble de la population locale. Le premier rôle d’UNIMEV est d’être cette interface qui va aider des processus tels que la rapidité à obtenir des visas ou l’accélération du processus de contrôle de douanes pour les vols internationaux.

Quels sont les enjeux et le poids de la filière du secteur face à la cible entreprises que ce soit pour du MICE ou du business travel ?

Je ne fais pas de différence entre le MICE et le business travel deux, ce sont les événements qui se déplacent sur le territoire. L’essence même de la question est peut-être de savoir pourquoi cela est indispensable pour les territoires. Les rencontres professionnelles se font entre septembre et juin. Notre réflexion est de savoir ce que nous voulons sur nos territoires demain, considérons-nous que nous devons doubler nos infrastructures parce que le tourisme mondial va doubler ou faut-il réfléchir à des infrastructures déjà existantes et travailler sur la périodicité de leur utilisation. Je suis plutôt dans cette dynamique. Il ne me paraît pas pertinent de penser objectifs du tourisme en quantité de personnes mais plutôt de voir comment nous pouvons faire dépenser davantage d’argent à nos touristes ! La question du tourisme d’affaires est alors particulièrement importante. Un voyageur professionnel vient entre septembre et juin, il transforme donc des territoires. Cela permet aux personnels saisonniers de devenir des personnels permanents. Si les équipes sont permanentes, elles sont mieux qualifiées, mieux payées, etc. Nous entrons donc dans un cercle vertueux qui se fait et entraîne une amélioration permanente de l’écosystème. Les équipements sont alors capables, parce qu’ils ont une meilleure rentabilité, d’avoir un entretien plus important et de monter en gamme. Nous savons en plus qu’un participant professionnel satisfait va ensuite revenir avec sa famille. Ce sont des exemples concrets qui valorisent vraiment un territoire. C’est cela que recherchent aujourd’hui les élus, ils veulent faire vivre leur territoire toute l’année, générer des retombées économiques et y maintenir l’emploi. Nous avons des réponses factuelles et concrètes. Nous pouvons donner des exemples de dizaines de territoires qui ont réussi à transformer leur ville grâce à cette activité. 

Sur un territoire ou une région, y a-t-il une synergie entre le tourisme d’affaires de groupe et le voyage d’affaires individuel ? 

Il y a une ligne commune en effet. Aujourd’hui, PCE ne va pas forcément chercher les événements ou les congrès dans le monde entier. Il va d’abord chercher sa cible prioritaire, c’est-à-dire, les événements qui sont en lien avec des pôles de compétitivité. Le voyage d’affaires va forcément se développer à partir du moment où nous créons des flux par des événements que nous apportons sur le territoire. Ils créent des liens entre les entreprises et les personnalités locales. Voici donc le lien que l’on peut trouver entre le voyage d’affaires et les professionnels à travers cet axe central que sont notamment les pôles de compétitivité.

Quelles sont, selon vous, les évolutions et les tendances futures sur le développement du secteur ?

Je suis en quête permanente !! Dans le cadre de notre mandat, nous avons un service de l’innovation dont les sujets sont traités, c’est “l’innovatoire” ! Il nous permet de pouvoir écouter et étudier les tendances. Nous allons développer un autre axe sur la perspective des métiers : nous sommes persuadés que la plupart des métiers que feront nos collaborateurs dans quelques années n’existent pas encore. Nous anticipons ces évolutions qui sont souvent technologiques pour pouvoir former le personnel aux nouveaux usages afin qu’ils puissent répondre correctement aux attentes de nos clients. L’évolution va aussi passer par l’hybridation des formats. Il va y avoir une sorte de rapprochement technique entre trois secteurs : les rencontres professionnelles, le sport et la culture. Les salons vont devoir de plus en plus devenir des événements à part entière. Il faut faire plus qu’offrir que de l’espace, il faut créer du sens et selon les territoires il faut s’adapter. 

Quel message la filière de l’événementiel pourrait transmettre aujourd’hui ?

Il faut être humble et écouter son environnement. Nous ne devons pas cesser de regarder ce que font les autres, de nous en inspirer et d’essayer de transformer cela pour aller encore plus loin. J’aime beaucoup mon secteur, il y a beaucoup de gens très intéressants et formidables. Ce sont des personnes qui ont une âme qui vont au-delà du travail traditionnel et cela engendre beaucoup de rencontres humaines intéressantes.