Alexandre Prod’homme et Kevin Humbey, Co-founders, Left for Work
Romain Bensussan, CEO, Estay
Pouvez-vous nous présenter vos activités respectives ?
Romain Bensussan : Estay est une plateforme communautaire pour les voyageurs d’affaires. Nous sommes partis du constat de la grande solitude que vivent les voyageurs d’affaires. Nous avons souhaité créer des relations humaines dans l’hôtel. Notre objectif est d’apporter un temps de déconnexion et de l’humain durant un déplacement professionnel. Peu à peu, en évoluant, nous avons créé un premier outil sur lequel nous avons ajouté deux briques, la mutualisation des taxis et celle du dernier kilomètre. Nous pouvons identifier les collaborateurs qui sont dans un même hôtel à une même date et sommes en mesure de leur proposer des partages. Notre troisième brique est la RSE car en mutualisant, nous permettons de réduire l’empreinte carbone des déplacements.
Nous travaillons surtout avec des agences et nous n’ouvrons pas trop le spectre aujourd’hui, nous sommes concentrés sur nos clients et leur écosystème pour pouvoir nous y intégrer totalement.
Alexandre Prod’homme : Nous nous définissons aujourd’hui comme une centrale de réservations pour les entreprises. L’objectif étant d’avoir une réservation en moins d’une minute, avec une sélection des hébergements proposés aux collaborateurs en fonction de leurs profil et un système de non-paiement par le voyageur mais par l’entreprise.
Aujourd’hui, Left for Work se recentre sur l’hôtellerie et l’hébergement. Au vu de la complexité de chaque domaine et du travail qu’il y a à faire sur chaque étape du voyage, nous avons décidé d’arrêter de ne pas proposer de door to door et de devenir expert de ce segment hôtel.
Kevin Humbey : Nous avons mis en place toute une grille de critères pour garantir la qualité de l’hébergement. Nous avons des critères communs à l’ensemble de la France et y avons ajouté les nôtres. Nous revenons toujours à l’utilisateur en prenant particulièrement en compte les commentaires laissés sur les établissements. Un de nos objectifs est d’intégrer plus fortement la RSE, notamment en utilisant les différents labels qui existent pour l’hôtellerie.
Comment remettez-vous le collaborateur au centre de votre dispositif ?
Kevin Humbey : Nous sommes d’anciens voyageurs d’affaires. Cela nous permet de savoir ce qui est attendu par le collaborateur en déplacement. Nous avons conçu l’application mobile en la faisant progresser avec les besoins. Nous nous adaptons à tous les types de voyageurs, du très occasionnel au road warrior. Nous avons un regard holistique sur la question avec un outil qui répond aux problématiques que nous avons choisies.
Romain Bensussan : Aujourd’hui, l’offre hôtelière est assez limitée en termes d’expérience : nous voulions la digitaliser et remettre l’humain au centre. Nous remarquons une véritable écoute de la part des entreprises. Il y a une double problématique aujourd’hui, d’une part le regard des cadres sur leur entreprise qui veulent avoir un impact sur l’environnement et d’autre part l’obligation de rendre des rapports de ses actions dans le domaine de la RSE donc de la bienveillance au niveau social. L’entreprise se retrouve ainsi face à une convergence de demandes sur ces sujets-là. On ressent la même écoute avec les partenaires travel, que ce soit avec les services achats, RH ou travel managers.
Comment construire une expérience fluide pour l’utilisateur?
Kevin Humbey : Si le voyageur d’affaires réserve dans notre application, il reçoit directement le numéro de réservation de son dossier de l’hôtel, pas celui de notre plateforme. Cela permet de simplifier son cheminement. Le lien entre nous et l’hôtelier se fait ainsi de manière très simple.
Alexandre Prod’hommme : La première barrière à cela est technologique. Nous avons besoin d’énormément d’informations pour réussir à fluidifier cette expérience. C’est notre challenge et notre problématique principale.
Romain Bensussan : Au-delà de la technologie, cela passe beaucoup par de la coconstruction avec nos clients. Nous avons des ambassadeurs usagers au sein des entreprises. C’est la meilleure solution pour avoir un bon taux d’adoption. Notre philosophie est de construire la solution avec l’entreprise via des ambassadeurs. Nous utilisons des critères précis mis en place pour réunir une data qui nous permettra d’apporter une offre adaptée et d’augmenter leur niveau de maturité sur certains leviers, notamment celui du dernier kilomètre.
Quels sont vos interlocuteurs au sein des entreprises ?
Romain Bensussan : Tout d’abord, en termes de typologies d’entreprises, nous travaillons pour les ETI et les grands comptes. Nous sommes donc sur de longs processus mais nous avançons et répondons à un réel besoin. Nous avons aujourd’hui deux mille utilisateurs sur l’application. Deux entreprises ont signé et nous sommes en discussion avec d’autres. Nous avons beaucoup de RH et de directeurs achats. Nous essayons d’identifier celui qui a la gestion du travel dans l’entreprise.
Kevin Humbey : Cela varie. Nous travaillons avec des petites et moyennes entreprises donc tout dépend de celui qui aura le plus besoin de notre offre. Nous avons assez peu de contacts avec les ressources humaines.
Alexandre Prod’homme : Nous ressentons aussi une volonté de la part des entreprises de proposer à leurs salariés des outils plus modernes et plus faciles d’utilisation pour leur simplifier la vie. L’objectif est de fatiguer le moins possible le collaborateur par des tâches administratives pour qu’il soit plus efficient dans son travail. Il faut souvent que cela vienne de l’utilisateur.
Constatez-vous une évolution au service du bien-être du collaborateur de la part des fournisseurs et/ou des entreprises ?
Alexandre Prod’homme : Pour l’hôtellerie, je pense que le marché s’est verticalisé. On arrive à avoir des chambres qui jouent davantage sur l’aspect lifestyle et le marché se segmente par rapport à cela. Nous remarquons qu’il y a moins de chambres standards et cela permet à chacun de trouver une offre qui lui correspond. Les hôteliers voient cela comme un réel challenge. Ils veulent aussi utiliser l’aspect data et la technologie pour être à la pointe et pour que le voyageur se sente à l’aise à l’hôtel.
Romain Bensussan : Il y a très peu de solutions qui existent mais on sent une volonté de les pousser. Il y a des attentes et des freins qui dépendent plutôt du niveau de maturité de l’entreprise à mettre en avant le bien-être de ses collaborateurs sans pour autant mettre en péril sa propre organisation. Cela dépend aussi de la façon dont a été construite la politique voyages. On ressent que cela vient surtout de l’ADN de l’entreprise.
En quoi êtes-vous complémentaires par rapport au service que peuvent apporter les acteurs traditionnels ?
Romain Bensussan : Nous nous voyons vraiment ainsi. Nous nous pluggons sur ce qui existe et apportons un niveau d’expertise différent qui permet d’augmenter le spectre. Cela sera bénéfique pour l’ensemble de l’écosystème. En rendant transversales les décisions, nous mettons en place une vraie bienveillance autour du collaborateur en déplacement et tout le monde sera gagnant. Nous apportons l’humain avec notre solution mais ne proposons que de la techno, nous sommes complémentaires et ne voulons pas nous substituer à ce qui existe déjà.
Kevin Humbey : Notre différence est l’UX avec une interface utilisateur que nous avons simplifiée au maximum. Nous sélectionnons ensuite les hébergements disponibles et faisons ainsi un premier filtre qui fait gagner du temps à l’utilisateur. Notre objectif est de proposer une base très épurée.