Voyages scientifiques à l’ère des dinosaures du Paléozoïque

Laëtitia Genitoni

Poste : Coordinatrice du programme OSI-PALEOZOÏC, Objectif Science International

Pouvez-vous vous présenter ainsi que vos activités au sein d’OSI ?

Rentrée au sein d’Objectif Sciences International (OSI) sur le programme paléontologie en tant qu’encadrante de missions scientifiques, un peu comme une animatrice de voyage de groupe avec une vraie envie de faire de la médiation scientifique, j’ai évolué depuis 4 ans pour être aujourd’hui coordinatrice du programme.

La paléontologie est une science multiple, de l’animal au végétal, en passant par le minéral. Elle étudie le passé et le futur, les extinctions mais aussi la vie. Elle a été extraite du programme global de géologie. Cette science s’est beaucoup développée grâce au cinéma et surtout aux films de Steven Spielberg avec « Jurrassic Park». Cette époque géologique du passionne les enfants comme les adultes à travers les dinosaures et leur environnement. Nous avons donc créé des séjours adolescents avec un programme de recherche né d’une collaboration avec le Muséum d’Histoire Naturelle de Genève et OSI. Le premier projet s’est initié en montagne, entre Chamonix et Martigny, où des empreintes des ancêtres des dinosaures se retrouvent à 2 500 m d’altitude. Le premier programme était plutôt destiné aux adolescents, cependant nous avons vite rebondi car nous avons constaté un engouement des enfants de moins de 12 ans mais aussi des adultes pour cette science.

C’est pourquoi que nous avons créé des séjours pour les plus jeunes dans la Drôme et sommes allés prospecter cette année au Maroc, au Portugal et en Angleterre pour d’autres expéditions dès 2023 qui seront ouvertes aux adultes et familles, tous passionnés.

Chaque séjour a pour but en dehors d’être pédagogique pour les participants, de faciliter l’accès aux données pour les chercheurs des Universités. Elle permettent à des musées ou d’autres partenaires de pouvoir faire avancer la recherche dans le domaine. A travers des protocoles de recherche et des méthodes pédagogiques, il est possible de faire de belles découvertes. Par exemple, cette année au mont Ventoux, avec les 7-12 ans, nous avons trouvé un fossile en forme d’écaille de crocodile. Cela n’avait jamais été trouvé ici lors des précédentes recherches scientifiques.

 

Les chercheurs sont-ils formés à l’accompagnement et titulaires d’un BAFA, comme vous ?

Aujourd’hui, j’ai constitué une équipe d’éducateurs tous diplômés d’un master en paléontologie qui ont passé leur BAFA pour avoir les meilleures aptitudes à l’animation. Parmi ces éducateurs, il y a des futurs chercheurs, des jeunes en thèse. Par ailleurs, les chercheurs qui nous accompagnent ont plutôt un rôle de partenaire, de gardien du sujet, de connaisseur du terrain et de la thématique spécifique, ils viennent bénévolement en support, généralement pendant les prospections. Vous considérez-vous comme un acteur du tourisme à part entière ? Personnellement, je ne me considère pas comme faisant du simple tourisme car pour moi, le tourisme c’est observer, prendre des photos mais pas être acteur comme nous pouvons l’être en rencontrant les locaux, le paysage et en échangeant avec les participants et les encadrants. On est donc vraiment passé du côté du tourisme participatif et durable, c’est enrichissant et passionnant.

 

Avez-vous en tête une expérience ou trouvaille ces dernières années qui illustre l’intérêt des sciences participatives ?

Lors de nos prospections pour de nouveaux séjours, au Maroc, nous étions six: trois chercheurs, deux personnes d’OSI et un guide local. Lors de notre mission, les chercheurs étaient tous passionnés, pédagogues et accessibles. Tous les trois avaient chacun leur spécialisation et leurs compétences, ils se connaissaient de nom et de réputation mais n’avaient jamais passé une semaine ensemble. Les échanges ont été très riches car souvent, en sciences, chacun reste dans sa thématique. Cependant, ici, la transdisciplinarité a pris sa place. Pour les débutants que nous étions, les échanges étaient vraiment pédagogiques et bienveillants. Sur la notion de stéréotype, les dinosaures sont surtout associés aux garçons.

 

Est-ce que vous retrouvez ce stéréotype avec la figure masculine associée aux sciences dures ?

Dans le programme de paléontologie, pour 10 enfants participants, nous avons environ 3 filles. Tout dépend ensuite des thématiques : lorsqu’on divise les thématiques en labo et expé, il y a plus de filles en labo qu’en expédition, même s’il y en a aussi en expé. J’essaie en revanche d’avoir une mixité dans les encadrants, ce qui n’est pas toujours évident.

Personnellement, j’essaie de faire de la communication auprès des filles car elles ont tout à fait leur place dans ce programme par expérience et retour de nos participantes. Pour cela, nous essayons de mettre des photos de filles participantes sur le descriptif et journal de bord. L’objectif recherché étant qu’elles puissent s’identifier sur le séjour et que cela puisse leur donner envie de participer.