Repenser les mobilités maritimes et fluviales comme projet de territoire

Clémence MIGNOT

Poste : Directrice générale, NEOMARE

Pouvez-vous présenter Neomare ?

Neomare a été créé en 2016 par l’association de marins passionnés de voyage et de professionnels de la mer. Notre activité consiste à proposer des croisières écoresponsables à la voile sur le littoral atlantique et de valoriser le territoire en invitant les voyageurs à la rencontre des producteurs locaux. Petit à petit, l’activité s’est développée et nos passagers nous ont sollicités sur d’autres destinations comme la Méditerranée (Corse, Croatie et Grèce), les Caraïbes (Grenadines) et aussi les Seychelles et la Polynésie. Nous proposons aux voyageurs (familles et/ou groupes d’amis constitués) un service de conciergerie haut de gamme. L’accompagnement est personnalisé avant, pendant et après le voyage. Toutes les escales et activités, authentiques et enrichissantes, sont soigneusement sélectionnées et préparées pour un voyage d’exception unique et mémorable.

 

Quelles typologies de bateaux utilisez-vous pour ces voyages ?

Des catamarans. Nous favorisons au maximum la navigation à la voile, car cela fait partie de l’expérience que nous souhaitons proposer à nos clients : initiation à la navigation, observation (et participation si souhaitée) aux manœuvres. Les bateaux modernes, stables et confortables ont tous moins de 3 ans. Quant aux moteurs, ils sont de dernière génération suivis par un entretien strict et une utilisation raisonnée uniquement lorsque cela est nécessaire.

 

Pouvez-vous nous parler de vos séjours et de la manière dont vous développez une offre écoresponsable ?

Je voudrais préciser avant tout que nous choisissons de développer des destinations que nous connaissons et où nous avons un certain nombre de contacts qui nous font part de leurs problématiques en local (acteurs du tourisme, producteurs…). Nous avons réellement à cœur de mettre au centre du voyage la relation voyageur – nature – culture locale. La rencontre avec les autres cultures et la nature nous semblent indispensables pour un meilleur vivre ensemble et pour une planète préservée. Si on prend le cas des Grenadines, sur la gestion des déchets par exemple, bon nombre de petites villes ne sont pas forcément dotées de structures de recyclage. Donc notre rôle est de réfléchir à une démarche de traitement des déchets en amont et à bord pour éviter la pollution des zones visitées.. En ce qui concerne les approvisionnements, ils sont prévus de façon raisonnée, avec les produits et spécialités locales à disposition. Ils sont ajustés en cours de voyage sur les marchés locaux. Nous tissons un réseau de partenaires qui sont ravis de partager leurs productions et savoir-faire avec nos passagers lors des escales et des activités. Nous avons remarqué que dans certaines destinations les voyages en catamaran pouvaient avoir une image déphasée pour les locaux pouvant amener à une inflation des prix. Ce réseau de partenaires nous permet ainsi de ne pas encourager la hausse des tarifs ou la surpêche pour ne pas dénaturer l’équilibre économique de la zone traversée. Une veille régulière est organisée auprès de ces partenaires pour assurer une excellente connaissance des lieux visités et de leurs évolutions.

 

Il me semble que vous développez de nouveaux projets, quels sont-ils ?

De par notre activité de voyages en mer, nous avons été sollicités par des résidents de Vendée et de Loire-Atlantique pour la création d’une nouvelle offre maritime. Nous avons entrepris des échanges avec les parties prenantes : résidents, institutions publiques (mairies, offices de tourisme) et aussi hôteliers et acteurs privés locaux pour créer une alternative maritime aux transports entre Pornic-Noirmoutier et Pornichet – La Baule. Le but étant de créer un lien maritime entre ces communes, désengorger les axes routiers, mais aussi proposer une offre de transport enrichie qui offre une expérience, source d’émotions fortes pour les locaux comme pour les voyageurs de passage. Le transport devient ainsi structurant pour l’offre touristique, pour la repenser et faire en sorte que la mobilité soit un acteur à part entière de cette expérience de voyage.

 

Concrètement, comment cette offre se traduit-elle ?

Pour le moment, nous sommes sur un modèle de privatisation du bateau pour les personnes qui souhaitent traverser et qui restent maîtres de leur itinéraire. Elégant, rapide et confortable, ce bateau peut naviguer par tous les temps et accueillir 6 personnes par traversée. L’idée est d’expérimenter cette offre que nous avons découpée en plusieurs formats pour la rendre accessible au plus grand nombre. Nous récoltons les données permettant d’identifier les flux de passagers.

 

Quelle est donc la prochaine étape ?

L’idée c’est de pouvoir envisager une activité qui soit pérenne sur l’année. Nous préparons en parallèle une offre sur la Loire en hiver avec le même bateau. L’objectif est de créer du lien avec les hôtels et activités en bord de Loire.

 

Après le maritime, le fluvial. Y a-t-il des divergences sur ces différentes activités en matière de réglementation par exemple ?

La notion de privatisation est importante, car c’est ce qu’impose la réglementation maritime du cadre d’exploitation que nous avons choisi. C’est identique pour l’activité fluviale. Les différences résident surtout dans l’expérience de navigation pour les passagers. Il y a des possibilités incroyables et c’est une très belle façon de redécouvrir une région. Avec cette offre, on lève certaines appréhensions que les clients peuvent avoir avec la navigation maritime.