Adapter sa formation aux nouvelles générations

Julie PANADERO

Poste : Directrice Coordination Apprenants & Relations Entreprise, ESCAET

Pourriez-vous nous donner votre perspective sur ce que signifie la « mutation des intelligences » dans le domaine de l’éducation ?

Selon moi, la « mutation intellectuelle » est l’adaptation et l’évolution des compétences des étudiants aux changements sociaux. Dans le tourisme, cela implique un changement profond dans la manière dont les étudiants apprennent. A l’ESCAET, nous réfléchissons à la manière d’intégrer les nouvelles technologies pour développer des compétences opérationnelles et interdisciplinaires.

Au fil des années et face aux évolutions des sociétés, nous avons remarqué la capacité croissante des étudiants à intégrer de nouveaux codes et à s’adapter face à des circonstances changeantes. Ils démontrent aussi un fort désir de travailler en équipe, que ce soit en personne ou à distance, et n’ont aucune difficulté à communiquer efficacement ou à s’adapter rapidement aux nouvelles tendances de l’industrie.

 

Comment une école de tourisme s’adapte-t-elle pour répondre aux mutations de ces intelligences ?

Nous avons mis en œuvre diverses initiatives pour accompagner ces évolutions. Nous intégrons l’environnement numérique et technologique dans nos formations. Par exemple, tous les cours sont proposés en format hybride pour suivre la formation partout en France. C’est un moyen de nous adapter aux alternances qui sont présentes dans tous les territoires.
Cela passe par exemple par l’apprentissage en ligne sur des plateformes d’e-learning et par le travail de groupe qui peut être réalisé à l’aide d’outils de collaboration. Le distanciel et le collaboratif tendent à se développer mais nécessitent des outils et des méthodes.
Aussi, nous encourageons le développement de compétences douces telles que la pensée critique, la créativité et la capacité à résoudre des problèmes complexes, essentielles pour s’adapter aux défis de l’industrie du voyage.

 

Les compétences humaines semblent jouer un rôle majeur dans cette mutation des intelligences. Comment votre école favorise-t-elle le développement de telles compétences chez les étudiants ?

Effectivement, les compétences humaines sont cruciales dans le tourisme. C’est un secteur axé sur les interactions et l’échange, tout comme sur la convivialité et sur les expériences. Nous encourageons le développement de l’intelligence émotionnelle, de la communication interprofessionnelle ou interculturelle. De nombreux travaux tendent dans ce sens, que ce soit la réalisation de travaux de groupes, les expériences de stage ou l’intervention de professionnels inspirants. Nous encourageons également la participation à des événements et des conférences pour renforcer leur réseau professionnel et améliorer leurs compétences en réseautage, primordial pour le secteur.

 

Avec l’émergence de l’intelligence artificielle et de l’automatisation, comment préparez-vous les étudiants à évoluer dans un environnement professionnel en constante évolution ?

L’IA et l’automatisation transforment l’industrie du tourisme depuis plusieurs années. Cependant nous notons une accélération de ces évolutions ces dernières années.
Nous demandons à nos étudiants d’en tirer parti en les intégrant dans leurs futurs métiers. Il faut questionner leur usage pour les stratégies marketing et commerciales, et plus généralement comprendre comment ces outils vont pouvoir améliorer la relation client.
En parallèle, nous insistons sur le développement de compétences qui ne peuvent être facilement automatisées, comme la créativité, l’innovation et la capacité à créer des expériences uniques pour les voyageurs. Ce sont ces compétences qui détiennent une valeur ajoutée.

En effet, l’intelligence collective se réfère selon moi à la capacité des individus à travailler ensemble de manière collaborative, en combinant leurs connaissances, compétences et perspectives pour résoudre des problèmes complexes et innover de manière créative. Dans le secteur du tourisme, où la diversité des expériences et des cultures joue un rôle central, l’intelligence collective devient essentielle pour trouver des solutions novatrices et pour offrir des expériences uniques aux voyageurs.

 

Comment les écoles de tourisme peuvent-elles favoriser le développement de l’intelligence collective chez les étudiants ?

Les écoles de tourisme doivent jouer un rôle dans ces transformations et encourager les interactions entre étudiants et la collaboration avec les partenaires. Elles peuvent prendre plusieurs formes : projets d’équipe, discussions ouvertes et situations réelles simulées. Ce sont autant de moyens de stimuler l’intelligence collective. L’important repose sur le partage d’idées et la co-création. Les étudiants prennent le temps de s’écouter pour partager les points de vue, ce qui est extrêmement précieux dans un environnement professionnel aussi diversifié que l’industrie du tourisme.

Ainsi, l’avenir du tourisme semble marqué par un besoin de flexibilité, de technologie et d’interdisciplinarité. Les écoles devront continuer de s’adapter pour favoriser des méthodes d’apprentissage qui répondent au secteur et aux besoins des étudiants. Surtout, elle doit permettre aux étudiants de s’épanouir dans un monde en constante mutation.
A mon sens, la collaboration entre l’industrie et la formation a toujours été présente dans nos activités mais devrait continuer de s’intensifier pour garantir des formations qui répondent au mieux aux besoins du secteur.